On parle aujourd’hui de plus en plus d’industrialisation dans le monde de l’e-learning : besoin de maîtriser les coûts, de standardiser la conception et la production, de capitaliser sur les best practices, de réduire le « time-to-market »… Je vous propose aujourd’hui ce billet écrit après un échange passionnant avec Michel Diaz, Directeur associé de FEFAUR, durant lequel nous avons échangé sur sa vision des enjeux de l’industrialisation dans le e-learning.
![]() | Michel Diaz dirige des entreprises de conseil, de formation et d’ingénierie informatique depuis 25 ans. Cofondateur de Fēfaur, Michel conseille et accompagne les entreprises et les organismes de formation dans leur stratégie e-learning et blended learning. Speaker recherché en France et à l’étranger, il dirige la publication du site eLearning-infos. |
Avant de vous restituer les questions & réponses de notre échange, voici quelques lignes sur un concept cher à Michel et que j’ai trouvé vraiment excellent pour accompagner la professionnalisation de l’utilisation et du déploiement du e-learning : le « schéma directeur e-learning » !
Quelle expression supra-rigide pour un domaine aussi social et humain que la formation professionnelle !! Et pourtant, on s’en rend vite compte en discutant avec Michel Diaz, le développement réussi et pérenne du e-learning dans les entreprise passe par une vision d’ensemble, structurée et pragmatique de l’impact du e-learning sur leur organisation … d’où un schéma directeur justement ! C.Q.F.D.
Le schéma directeur e-learning (attention, marque déposée !) est donc un plan global et opérationnel qui part d’une analyse stratégique des besoins de formation et des contraintes (un SWOT) et qui aboutit à une description opérationnelle des contenus, des outils, de la structure informatique et de l’organisation qui sont adaptés à l’entreprise. La double activité de conseil indépendant et d’étude du cabinet Fefaur lui offre cette position transversale lui permettant de mener à bien de telles missions.
Voilà pour ces quelques lignes sur cette approche que nous pensons vraiment adaptée pour les entreprises. Passons maintenant aux principales réponses de Michel à nos questions sur l’industrialisation dans le e-learning et le rôle que les avatars peuvent y jouer !
Tout d’abord, pourquoi parler d’industrialisation dans l’e-learning ?
Michel Diaz : Dans la Banque et l’Assurance par exemple, 15% des actions de formation se font déjà en e-learning ou en cursus blended learning. Cela s’explique par le fait que les banques ont un réseau dispersé, avec peu de collaborateurs par site, tous étant équipés d’un poste individuel. De plus, le domaine réglementaire et l’offre commerciale y évoluent en permanence ce qui impose des cycles de formations très réguliers.
Mais de nombreux autres secteurs, l’industrie notamment, ont des taux très faibles d’utilisation de ces modalités, en grande partie car il y a un fort manque de contenus sur étagère de qualité adaptés à leurs besoins.
Cette question de la qualité des contenus sur étagère est cruciale pour permettre par exemple aux PME de développer la formation à distance. Un patron de PME ne peut investir 30 000 € pour former 20 personnes, mais pourra investir quelques centaines ou milliers d’euros pour former des cadres en ligne, depuis leur poste de travail.
D’où la question de l’industrialisation qui peut permettre soit de produire des larges catalogues de bonne qualité et à moindre coût, ou bien de créer des modules spécifiques moins cher et surtout plus vite…
Et peut-on industrialiser sans nuire à la qualité ?
Michel Diaz : Oui, c’est évidemment possible et on le constate dans tous les secteurs économiques qui arrivent à une certaine maturité où toutes les entreprises industrialisent leurs processus et leur production. Mais attention, tout ne s’industrialise pas dans la pédagogie : les formations en général et les modules e-learning en particulier nécessitent une conception soignée et « sur mesure ». Par contre, le processus de conception lui-même, ainsi que la chaîne de production multimédia peuvent eux être largement industrialisés.
Cette démarche doit partir de l’amont : on en revient au schéma directeur e-learning, en répondant à certaines questions qui définiront l’importance à donner à l’industrialisation : le volume de formations à produire dans le temps, le besoin de réactivité de la production (on parle aussi de time-to-market) ou encore le besoin de localisation les modules dans d’autres langues.
L’ensemble de ces critères, et bien d’autres encore, permettra de faire les bons choix, en amont, des méthodes d’industrialisation permettant de respecter le niveau de qualité souhaité.
Comment les avatars s’inscrivent dans cette démarche d’industrialisation ?
Michel Diaz : Les avatars répondent à un besoin pédagogique évident, en permettant d’installer un référent pédagogique à l’intérieur du module ou en permettant de simuler des situations de travail (via des saynètes) faisant l’objet de la formation.
Qualitativement, ils sont incomparablement supérieurs aux mascottes statiques et qui ont été sur-utilisées dans les années 2000… tout en étant beaucoup plus souples d’utilisation et plus économiques que la vidéo.
En revanche, ils ne s’affranchissent pas d’une bonne conception et écriture ! Un avatar non pertinent est encore plus contre-productif qu’un module « ennuyeux » sans animation multimédia !
Voilà pour leur utilisation (bonne et mauvaise !) dans les modules de formation.
Du point de vue « industrialisation », ils sont très intéressants lorsqu’ils sont proposés sous formes de banques de personnages prêts à l’emploi. L’approche SaaS (« Software as a Service ») proposée par votre site livingactor.com répond parfaitement à ces critères et illustre bien un outil d’industrialisation de la production.
Quels usages futurs selon vous pour les avatars dans la formation ?
Michel Diaz : Je leur prédis un grand avenir s’ils ont la capacité de « mettre en spectacle » les scènes de vie des entreprises, les situations professionnelles… et que les contenus sont simples et économiques à mettre en scène et à actualiser.
La question du time-to-market, de la capacité à se former « immédiatement » est un des enjeux essentiels des directions de la formation des entreprises : rendre les collaborateurs rapidement opérationnels dans un contexte qui évolue très vite. Il faut donc des solutions de production souples et réactives… tout en étant de très bonne qualité.
Un bémol néanmoins : les formations e-learning doivent pouvoir être diffusées sur les réseaux des entreprises. Les critères techniques de bande passante restent donc déterminants et doivent être vérifiés avant d’intégrer des médias dans les modules, et les avatars animés en font clairement partie !
Un grand merci à Michel pour cet échange !