De la reformulation d’Eliza au chatbot “intelligent” des années 2020

Même s’ils ont été démocratisés en 2015, lorsque Facebook a ouvert son API pour la création de chatbots, les assistants virtuels existaient déjà depuis (très) longtemps, avec Eliza dès le milieu des années 60. Eliza n’était pas un « chatbot » à proprement parler, mais plutôt un programme informatique reformulant des affirmations en questions. Écrit par Joseph Weizenbaum, professeur et informaticien, ce programme prenait la forme d’un psychothérapeute capable en apparence de compréhension et d’empathie. 

Dans les faits, Eliza fonctionnait par reconnaissance de formes et de mots clefs, sans en interpréter le sens.  Par exemple, une question comprenant les mots « mère » ou « fils » conduisait Eliza à répondre « parlez-moi de votre famille ». Pas de compréhension à proprement parler, mais plutôt des schémas de conversations prédéfinis. Donc, et c’est l’un des points souligné par son inventeur, la réponse apportée à une affirmation incomprise était, très ironiquement, « je comprends » car elle en déduisait systématiquement une question à poser en retour à son interlocuteur humain! En réalité, bien qu’il n’y ait pas eu une trace d’intelligence artificielle dans ce programme, il est déjà possible d’y voir les prémices des notions centrales pour les chatbots : l’analyse de la question posée et la proposition d’une réponse prédéterminée en rapport avec la question, y compris en cas d’incompréhension !

Évidemment, de par sa nature et du fait des limites technologiques de l’époque, Eliza était incapable de véritablement répondre à une question, ce qui est finalement devenu son atout. En effet, certaines personnes ne recherchaient pas forcément une réponse pertinente ou même une compréhension à leur problème, mais tout simplement une oreille attentive pour les écouter. Rôle qu’Eliza a joué à merveille. 

A l’inverse, les chatbots actuels, dotés de capacités d’analyse de l’intention de l’utilisateur sont eux, capables d’analyser en finesse la saisie et de la comprendre, et ils sont surtout connectés à des bases de connaissances de plus en plus riches permettant d’apporter des réponses individuelles et pertinentes dans de nombreux cas. 

Eliza en 2020 adorerait surement rencontrer ses nouvelles “confrères” virtuelles pour les faire parler sur son divan 🙂

Pour aller plus loin :

Eliza le premier chatbot de l’histoire 

Chatbots et technologies conversationnelles